Ce à quoi l'on s'occupe en cours de poétique.
"Et si on continuait nos ragots en alexandrin ?"
Irrlichter : Pourquoi pas je t'approuve et me mets à ton service.
Mme G : Tu dépasses, diable, la faute est dramatique !
Irrlichter : Ne sois pas sévère.
Je m'essaye et j'avise !
Parlons donc plutôt de ces choses
ignobles.
Mme G : Il t'en manque un, c'est mal ! Mais je
cède à tes ordres.
Mathilde dépitée proclama
qu'après tout
Le sexe n'est pas bon, pas plus que les
garçons
La
pauvre a une crise aiguë de célibat.
Irrlichter : Elle traverse une crise aiguë,
formidable !
Qu'on me la présente sur l'heure
et je ferai
Que son doute étrange se
transforme en douleur...
De désirer ce qui l'écoeure,
s'abandonner...
Mme G: C'est trop de perversion, je ne peux
cautionner !
Ni de fille ni d'homme elle ne veut les
étreintes...
Elle trouve la chose bien trop
compliquée.
Irrlichter : Bien trop compliquée ? D'amour
les choses sont simples.
Deux corps, une étreinte, une
cigarette, deux
Corps, et c'est tout. Qu'y a-t-il de
mal à cela ?
Mme G : D'illusions point ne te fait : pour
hétéros
La chose aussi est difficile : ce qui
implique
Notre corps, également complique
l'esprit
Les lendemains sont durs, les
consolations frêles !
Irrlichter Et alors ? Je mange tel un certain Don
Juan
Les jeunes femmes bienveillantes
volontaires.
Je crains et je crois que notre
Mathilde étant
À moi bienveillante, n'en sera
pas moins prude,
Ne se laissera pas prendre et je ne
veux plus.
Qu'elle erre, je la cueillerai plus
tard, l'aurai
À coup sûr, si je
travaille bien, tu verras.
Mme G : Rien n'est bien moins sûr !
L'avantage à la fac
C'est que les mecs mignons, ces braves
proies, abondent
Prend garde que TA proie coure se
réfugier
Dans les bras doux et forts d'un viril
Apollon.
Irrlichter : Il est vrai – c'est mon grand mal, ma plus grande peine.
Mme G: La question est close, changeons
de sujet.
De quoi veux-tu parler ? Le public en
délire
Attend notre vouloir, est resté
sur arrêt.
Il nous est dévoué : eh
bien, faisons le rire !
La réponse est tombée, le
public nous acclame,
à grands cris réclamant
« nous, nous voulons Sarah »!
Traçons donc le portrait de
cette aimable blonde.
Irrlichter : Aimable bonde, aux traits tristes et
lumineux
Ange lointain assis, pesant lourd sur
mon crâne.
Monade V2 : Senteur écoeurante de cette
fleur fânée
Pénètre la taverne dans
l'ombre larvée
Et des lèvres noircies qui
pendent, violacées,
Puanteur vomitive, organes décharnés
Partout vice paraît, babines
pourléchées
Monstruosité veule et perverse
malice
Qui sous l'étoffe surgit, des
doigts qui se glissent
Des trous pour orbites, et respirant le
sang
Régal immonde qu'elle se
met sous la dent.
Irrlichter : De cet affront, Madame, vous devrez
répondre !
Je ne permets pas qu'on me serve de
pareilles
Horreurs, sur un sujet si doux, Madame
vous
Prenez des risques, ou alors c'est que
vous chantez
D'une lyre maudite et amère, ô
étrange
Orphé-e donnez donc le secret de
vos vers !
Mme G : Quelle est cette vaine frustration
méchante
Dont Virginie, la mal nommée, se
fait l'apôtre ?
De cette ode sensible, ce bel oeuvre
qu'elle hante
Faisons le vers fertile, la réparation
nôtre.
Irrlichter : Elle me vient voir ce soir et je
tremble déjà
Qu'est-ce qui fait qu'une telle
insensible, moi
Se puisse entraîner dans de
semblables vertiges,
Angoisse, attentes, torpeurs, regardant
le soir ?
Mme G : Que va-t-il se passer, là, dans
ta triste tête,
Quand Sarah, franchissant le seuil de
tes ténèbres
Te dira : « tiens, bonsoir !
Comment va aujourd'hui ? »
Alors tu frémiras, pensant
l'amour, sans bruit.
Monade V2 : Que vas-tu faire alors, Floriane, sous ta soutane ?
Irrlichter : Les mots se brisent sur ces choses, ils
ne suffisent
Je n'ai aucune soutane et mon amour
souffre
des largesses de la posséder –
et des choses
Qui se font sans se dire, vous ne
saurez rien.
Mme G : On imagine bien ! Que penses-tu cacher
?
Le sexe, ta passion ? Ta vanité
blessée ?
Est-ce coquetterie, prétendue
littéraire ?
À quoi servent tes vers si tu ne
nous fais taire ?
Irrlichter : Taisez-vous, harpi-es, potinières infâmes
Taisez-vous, vous blessez ma pudeur,
sachez-que
Malgré cette apparence mienne
truculente
Je sais garder en moi le secret de ma
vie.
Monade V2 : Eh sachez que moi les prudes je les
vomis
Restez chez vous, Madame, si vous ne
pouvez
écrire votre flamme. Votre
dulcinée
Saura, elle, apaiser la nôtre
impatience,
Et nous faire les aveux que l'on sait.
C'est chance !