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Madame Gudule
Madame Gudule
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19 octobre 2007

Ce à quoi l'on s'occupe en cours de poétique.

"Et si on continuait nos ragots en alexandrin ?"

Irrlichter : Pourquoi pas je t'approuve et me mets à ton service.

Mme G : Tu dépasses, diable, la faute est dramatique !

Irrlichter : Ne sois pas sévère. Je m'essaye et j'avise !
Parlons donc plutôt de ces choses ignobles.

Mme G : Il t'en manque un, c'est mal ! Mais je cède à tes ordres.
Mathilde dépitée proclama qu'après tout
Le sexe n'est pas bon, pas plus que les garçons
La pauvre a une crise aiguë de célibat.

Irrlichter : Elle traverse une crise aiguë, formidable !
Qu'on me la présente sur l'heure et je ferai
Que son doute étrange se transforme en douleur...
De désirer ce qui l'écoeure, s'abandonner...

Mme G: C'est trop de perversion, je ne peux cautionner !
Ni de fille ni d'homme elle ne veut les étreintes...
Elle trouve la chose bien trop compliquée.

Irrlichter : Bien trop compliquée ? D'amour les choses sont simples.
Deux corps, une étreinte, une cigarette, deux
Corps, et c'est tout. Qu'y a-t-il de mal à cela ?

Mme G : D'illusions point ne te fait : pour hétéros
La chose aussi est difficile : ce qui implique
Notre corps, également complique l'esprit
Les lendemains sont durs, les consolations frêles !

Irrlichter Et alors ? Je mange tel un certain Don Juan
Les jeunes femmes bienveillantes volontaires.
Je crains et je crois que notre Mathilde étant
À moi bienveillante, n'en sera pas moins prude,
Ne se laissera pas prendre et je ne veux plus.
Qu'elle erre, je la cueillerai plus tard, l'aurai
À coup sûr, si je travaille bien, tu verras.

Mme G : Rien n'est bien moins sûr ! L'avantage à la fac
C'est que les mecs mignons, ces braves proies, abondent
Prend garde que TA proie coure se réfugier
Dans les bras doux et forts d'un viril Apollon.

Irrlichter : Il est vrai – c'est mon grand mal, ma plus grande peine.

Mme G: La question est close, changeons de sujet.
De quoi veux-tu parler ? Le public en délire
Attend notre vouloir, est resté sur arrêt.
Il nous est dévoué : eh bien, faisons le rire !
La réponse est tombée, le public nous acclame,
à grands cris réclamant « nous, nous voulons Sarah »!
Traçons donc le portrait de cette aimable blonde.

Irrlichter : Aimable bonde, aux traits tristes et lumineux
Ange lointain assis, pesant lourd sur mon crâne.

Monade V2 : Senteur écoeurante de cette fleur fânée
Pénètre la taverne dans l'ombre larvée
Et des lèvres noircies qui pendent, violacées,
Puanteur vomitive, organes décharnés
Partout vice paraît, babines pourléchées
Monstruosité veule et perverse malice
Qui sous l'étoffe surgit, des doigts qui se glissent
Des trous pour orbites, et respirant le sang
Régal immonde qu'elle se met sous la dent.

Irrlichter : De cet affront, Madame, vous devrez répondre !
Je ne permets pas qu'on me serve de pareilles
Horreurs, sur un sujet si doux, Madame vous
Prenez des risques, ou alors c'est que vous chantez
D'une lyre maudite et amère, ô étrange
Orphé-e donnez donc le secret de vos vers !

Mme G : Quelle est cette vaine frustration méchante
Dont Virginie, la mal nommée, se fait l'apôtre ?
De cette ode sensible, ce bel oeuvre qu'elle hante
Faisons le vers fertile, la réparation nôtre.

Irrlichter : Elle me vient voir ce soir et je tremble déjà
Qu'est-ce qui fait qu'une telle insensible, moi
Se puisse entraîner dans de semblables vertiges,
Angoisse, attentes, torpeurs, regardant le soir ?

Mme G : Que va-t-il se passer, là, dans ta triste tête,
Quand Sarah, franchissant le seuil de tes ténèbres
Te dira : « tiens, bonsoir ! Comment va aujourd'hui ? »
Alors tu frémiras, pensant l'amour, sans bruit.

Monade V2 : Que vas-tu faire alors, Floriane, sous ta soutane ?

Irrlichter : Les mots se brisent sur ces choses, ils ne suffisent
Je n'ai aucune soutane et mon amour souffre
des largesses de la posséder – et des choses
Qui se font sans se dire, vous ne saurez rien.

Mme G : On imagine bien ! Que penses-tu cacher ?
Le sexe, ta passion ? Ta vanité blessée ?
Est-ce coquetterie, prétendue littéraire ?
À quoi servent tes vers si tu ne nous fais taire ?

Irrlichter : Taisez-vous, harpi-es, potinières infâmes
Taisez-vous, vous blessez ma pudeur, sachez-que
Malgré cette apparence mienne truculente
Je sais garder en moi le secret de ma vie.

Monade V2 : Eh sachez que moi les prudes je les vomis
Restez chez vous, Madame, si vous ne pouvez
écrire votre flamme. Votre dulcinée
Saura, elle, apaiser la nôtre impatience,
Et nous faire les aveux que l'on sait. C'est chance !

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Commentaires
O
Voilà qui me rassure sur ma lenteur à...<br /> ver-si-f-ier, et me confirme par ce biais-là<br /> la douce folie qui anime tout prépa.<br /> Au passage : magnifique endroit, chapeau bas ! <br /> <br /> [La lecture alambiquée de notre cher Kant<br /> n'aide pas à la fluidité de la stance]
G
Les césures parfois manquent à notre appel.<br /> Le cours de poétique, long, est inutile, <br /> Mais il est vrai pourtant que nous avons grugé<br /> Sur le cours de latin, qui suivait le français.
O
Et sont-ils si longs vos cours de poétique,<br /> Que vous ayez ainsi le temps de ragoter,<br /> Avec une si grande maîtise rythmique,<br /> Sans sur les césures ni les mots mégoter ?
F
La métrique compliquée d'Irrlichter m'a fait rechercher des hendecasyllabes et je me suis instruit de l'alternance des sapphiques et des adoniques : je vais essayer.
Madame Gudule
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