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Madame Gudule
Madame Gudule
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22 janvier 2008

La vie est un court de squash

 

Faut pas se laisser surprendre. Une seconde d'inattention et paf, la balle retombe, on n'a plus le temps de courir ; toujours remonter la raquette pour être prêt à fouetter. La balle peut arriver par l'arrière : se tenir sur ses gardes ; se prendre une balle dans la figure ça fait très mal, ce sont des petites balles bien dures. Il faut souvent attendre le rebond de la balle : ça laisse un peu plus de temps pour prendre du recul, la taper comme il faut, et l'envoyer là où on veut. Le problème du squash, c'est que où que ce soit qu'on envoie la balle, finalement elle revient toujours sur nous. On ne peut pas se dépêtrer comme ça de nos problèmes, faire comme si rien ne s'était passé. Tenez, par exemple : j'envoie la balle EX, dans le petit coin, là, à gauche, je crois m'en être débarrassé ; mais j'ai tapé de biais, elle rebondit sur deux murs et finalement revient sur moi ; quelle idée j'ai eue de frapper de cette manière ! Mais au squash, on n'a pas vraiment le temps de réfléchir... c'est un peu la même chose pour la vraie vie, on fait des choses dans l'instant, sans penser aux conséquences, les conséquences qui sont toujours aussi rapides et terriblement efficaces que la petite balle noire et ronde. D'ailleurs à essayer de la rattraper je me suis emmêlé les pinceaux, et je suis tombée de tout mon poids sur toutes mes fesses. Aïe. Mais à la différence de la vraie vie, au squash, c'est assez drôle.

 

C'est dur, le squash, pour les débutants : il faut penser à plein de choses en même temps, se baisser, remonter la raquette, revenir sur le T, fouetter la balle ; c'est un peu pareil en ce moment, entre la préparation de sciences po, de l'ENS, les embrouilles sentimentales, les conséquences de mes conneries de décembre, la musique, le concert, les amis. On peut dire que je suis un peu débutante dans la vie, aussi : comment faire une lettre de motivation, un CV, trouver un job d'été et un boulot pour l'année prochaine, ainsi qu'un appartement ? Au squash, super papa est là pour montrer à sa fifille comment on fait. Dans la vraie vie c'est un peu plus délicat, et beaucoup plus conflictuel.

 

Le court de squash, c'est comme qui dirait une boîte à chaussures. On est à deux dedans, maximum, moi et l'adversaire ; dur dur de se dégager de cet isolement déjà ô combien difficile à gérer. Mais des bonnes découvertes arrivent parfois, le jeu consiste à essayer d'élargir la boîte. Des gens sont arrivés et m'ont regardé jouer derrière la vitre, se foutant gentiment de ma gueule ; j'ai même réussi (prodige incroyable, pour tous ceux qui connaissent les courts de squash) à envoyer la balle de l'autre côté du mur, et à la récupérer par la même voie quelques secondes plus tard. J'ai établi la communication avec l'inconnu... miracle...

 

La leçon du squash : ne pas se laisser dépasser, réactivité perpétuelle, concentration, énergie prête à se libérer. Mais quand on sort des 45 minutes, on est bon pour des courbatures aux cuisses pendant trois semaines. Par contre ça fait des belles fesses. La vie c'est un peu pareil... c'est fatiguant... et quand est-ce qu'on récupère ? C'est quoi l'équivalent des belles fesses dans la vie ? On vieillit... on s'épuise... est-ce que le défi se suffit à lui tout seul ? J'aurais tendance à penser que oui. Je pense que oui, ça suffit. Il est difficile de comprendre pourquoi, mais tout ça me plaît bien.

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Commentaires
G
Quand on ne saisit pas l'opportunité, ça fait "plo" aussi... et elle ne rebondit pas non plus !
N
Au squash, quand on laisse tomber la balle, ça fait "ploc." et ça rebondit pas, c'est un peu triste.<br /> Mmh, par contre, de là à trouver une métaphore...
Madame Gudule
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